Les Chrétiens et les démons
Le problème de la délivrance des Chrétiens est l’un de ceux qui entraînent le plus de controverses, souvent enflammées, au sein de l’Eglise de Jésus-Christ. Nous vous proposons de lire attentivement ce bref article, dans lequel nous nous sommes efforcés d’exposer ce que la Bible nous semble enseigner à ce sujet.
Un Chrétien réellement né de nouveau, et réellement disciple de Jésus-Christ, peut-il encore être, d’une manière quelconque, « possédé », « démonisé », lié, ou influencé par un démon ? Est-il possible qu’un Chrétien dont le corps est devenu le temple du Saint-Esprit, puisse encore abriter « quelque part » un hôte indésirable nommé démon ? Un Chrétien peut-il faire l’objet d’une prière de délivrance, que d’autres appellent encore « exorcisme » ? La délivrance des Chrétiens doit-elle être pratiquée et encouragée ?
Ce sont des questions importantes, qui méritent une réponse équilibrée et sérieuse, à la lumière de l’enseignement des Ecritures. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir sur ce sujet le moindre préjugé, la moindre opinion préconçue, ni d’être influencés par des enseignements ou une théologie qui ne seraient pas en accord avec la pensée du Seigneur.
Nous n’avons pas la prétention d’écrire un article qui fera le tour complet de tous les problèmes concernant les Chrétiens et les démons. Mais nous voulons simplement exposer les grandes lignes de ce que la Bible enseigne à ce sujet, selon notre compréhension actuelle.
Nous partirons du fait biblique de l’existence des démons. Ce sont des esprits impurs et mauvais qui sont au service de Satan, et qui collaborent à son œuvre de séduction et de destruction de l’humanité. Les Evangiles fourmillent de récits où nous voyons le Seigneur délivrer de nombreux Juifs de toutes sortes de démons, notamment d’esprits qui provoquaient des infirmités et des maladies : esprits de surdité, de cécité, d’infirmité, etc…
Il est acquis que ces mauvais esprits cherchent à occuper un corps humain pour assouvir leurs passions, voire un corps animal, s’ils ne peuvent pas entrer dans un corps humain. Nous pensons à la légion de démons qui ont quitté le démoniaque de Gadara, pour entrer dans un troupeau de porcs.
Les démons ne pénètrent en général dans un corps humain que par hérédité, ou par la pratique de certains péchés « d’abomination », qui ouvrent automatiquement une porte à l’entrée d’un démon. Parmi ces péchés d’abomination, on peut citer en particulier les meurtres, les perversions sexuelles, l’usage intensif de drogues ou de produits toxiques, et les pratiques occultes.
Une bonne partie du ministère de Jésus a donc consisté à délivrer des malheureux démoniaques tourmentés par toutes sortes d’esprits méchants. Il faut toutefois noter que Jésus, qui avait un discernement parfait, n’a pas systématiquement délivré tous les démoniaques qu’Il rencontrait sur Sa route. Il ne les a délivrés que lorsque les démons les précipitaient dans une crise violente en Sa présence. Il a aussi délivré des enfants tourmentés par des démons, lorsque les parents le lui demandaient. Mais Il n’a jamais effectué des « délivrances collectives » comme on en voit aujourd’hui. Il chassait les démons comme un signe de la venue du Royaume de Dieu au milieu des Siens.
En revanche, dans les Actes des Apôtres et les épîtres, nous ne voyons que très peu de récits de délivrances. Ceux qui sont rapportés, comme la délivrance par Paul de la femme qui avait un esprit de Python, ne concernent en outre que des personnes qui n’étaient pas converties à Jésus-Christ. La Bible ne dit nulle part qu’un Chrétien puisse « avoir » un démon. Mais on doit reconnaître aussi qu’elle ne dit nulle part qu’il ne puisse pas en avoir. Ceux qui l’affirment sont obligés d’interpréter certains passages d’une manière qui confirme leur théologie.
Il faut reconnaître que les apôtres n’ont donné aucun enseignement sur la délivrance des Chrétiens, alors que Paul s’étend longuement sur la nécessité de crucifier la chair et de marcher par l’esprit. Même si l’apôtre Paul nous informe dans Ephésiens 6 que « nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang », mais contre les puissances des ténèbres et les mauvais esprits, jamais il n’a donné un enseignement clair sur la nécessité de faire passer des Chrétiens nés de nouveau par la délivrance des démons. Cela doit nous faire réfléchir. Nous devons honnêtement constater ces faits, et en tirer les conséquences qui s’imposent.
Il faut toutefois pouvoir expliquer ce que sont devenus les démons qui possédaient, ou que possédaient auparavant certaines personnes, lorsqu’elles viennent à Christ pour devenir Ses disciples. Que deviennent les démons qui pouvaient lier, ou habiter dans ces personnes, lorsqu’elles se convertissent à Jésus ?
Il nous semble que l’on ne peut répondre de manière satisfaisante à ces questions que si l’on a compris d’une part quelle est la composition de la nature humaine, en relation avec la nouvelle naissance, et d’autre part comment recevoir concrètement le parfait héritage que Christ nous a légalement acquis. Nous devons enfin savoir quelle place la délivrance doit occuper dans la vie spirituelle d’un Chrétien.
1. La composition de la nature humaine, et la régénération de l’esprit.
L’être humain est composé de trois parties distinctes : l’esprit, l’âme, et le corps. L’esprit est un organe spirituel qui nous permet de communiquer avec Dieu et le monde spirituel. L’âme ne concerne que l’aspect psychologique de l’homme : son intellect, ses émotions et sa volonté. Tout le monde sait de quoi est constitué le corps, mais beaucoup de Chrétiens ne font pas clairement la différence entre l’âme et l’esprit. Or il est capital de bien faire cette différence.
Quand un être humain se tourne vers le Seigneur Jésus pour recevoir Son salut, il doit d’abord réaliser son état de pécheur perdu, et son besoin aigu d’un Sauveur qui le libère du fardeau de ses péchés. Convaincu de péché par le Saint-Esprit, le pécheur se tourne vers Jésus-Christ pour recevoir le pardon de Ses péchés, par la foi en l’œuvre parfaite et suffisante de la Croix.
C’est alors que le Seigneur accomplit en lui le miracle de la nouvelle naissance. Il fait passer son esprit, de mort qu’il était, par une véritable résurrection spirituelle, et lui donne la vie divine. Notre esprit, qui était dans les ténèbres et dans la mort (c’est-à-dire coupé de Dieu), passe dans la lumière divine et dans la vie éternelle. L’homme retrouve sa communion avec le Seigneur, communion perdue depuis la chute. Le Saint-Esprit vient alors demeurer dans l’esprit régénéré du Chrétien, pour commencer à le conduire dans une vie nouvelle en Christ, et accomplir le plan de Dieu dans la vie de Son enfant.
Toutefois, l’âme et le corps ne sont pas directement touchés par la régénération de notre esprit. Il est essentiel de le comprendre. Même si nous sentons qu’au plus profond de nous-mêmes, nous avons bien reçu la vie de Dieu, et que notre esprit nous rend témoignage que nous sommes bien enfants de Dieu, nous réalisons aussi que la chair, cette puissance de péché qui habite dans nos membres, est toujours active, et qu’elle va tenter de nous contrôler, comme elle le faisait avant notre nouvelle naissance.
Il s’ensuit donc une œuvre profonde de sanctification, plus ou moins rapide selon la consécration du Chrétien et l’enseignement qu’il reçoit. Cette sanctification avance rapidement quand on a compris en quoi consiste la marche par l’esprit. Ce n’est pas notre esprit régénéré qui est concerné par la sanctification, puisqu’il est déjà saint et pur. La sanctification ne concerne que l’âme et le corps. Par la sanctification, l’âme et le corps passent par un renouvellement progressif, une purification produite par l’action du Saint-Esprit et de la Parole de Dieu, dans les pensées, les sentiments, la volonté et le corps du Chrétien. (Voir Romains 12).
Revenons à présent à notre question : « Que sont devenus les démons qui pouvaient lier ou « posséder » une personne, avant sa conversion à Christ ? »
Notre esprit étant régénéré, et le Saint-Esprit venant demeurer dans notre esprit régénéré, il est exclu que le moindre démon puisse continuer à subsister dans notre esprit, ni à le contrôler. N’oublions pas que celui-ci est « créé dans une justice et une sainteté que produit la vérité » (Ephésiens 4 :24). Notre esprit régénéré est notre seule nouvelle nature véritable. Tout ce qui reste de notre ancienne nature, nos pensées, notre volonté et nos désirs qui sont encore contrôlés par la chair, doit être mis à mort et laisser pleinement la place à notre nature nouvelle régénérée.
Il est clair que si nous passions par une résurrection complète au moment de la nouvelle naissance, dans notre esprit, notre âme et notre corps, aucun démon ne pourrait continuer à demeurer en une partie quelconque de notre être, ni l’influencer en quoi que ce soit. Mais ce n’est pas le cas, nous le savons bien.
Paul nous dit dans l’épître aux Romains qu’une « loi de péché » continue à habiter dans notre corps (Romains 7 :14-24). C’est cette loi de péché qui anime la vie de la chair. Or notre corps est aussi le temple du Saint-Esprit. Nous sommes donc confrontés à cette réalité : notre corps, qui est le temple du Saint-Esprit, abrite encore une puissance de péché qui s’appelle « la chair, » qui est une « loi de péché » qui demeure dans nos membres (Romains 6). Ceux qui refusent de croire que le Saint-Esprit ne peut pas « cohabiter » avec un mauvais esprit dans le même corps, doivent pourtant admettre que le Saint-Esprit doit demeurer dans un corps dans lequel habite encore une loi de péché. Toutefois, il est clair qu’il n’y a aucun mélange entre le Saint-Esprit et cette loi de péché. Ils se situent sur deux plans complètement différents. Le Saint-Esprit demeure en fait dans une habitation à sa mesure, notre esprit régénéré, tandis que la « loi de péché » demeure dans nos membres, dans le corps physique proprement dit.
Paul nous montre donc comment nous pouvons être libéré, non de la présence de cette loi de péché, mais de son contrôle sur notre vie, grâce à l’action d’une loi supérieure, la « loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ » (Romains 8 :1). Cette « loi de péché » ne disparaîtra de notre corps et de nos membres, qu’à la résurrection, lors du retour du Seigneur. Mais, dès à présent, nous pouvons apprendre à marcher par l’esprit, pour annuler, par la foi en Christ et en Son oeuvre, la loi de péché qui agit dans la chair.
Nous ne devons jamais oublier que cette loi de péché qui anime notre chair est aussi impure aux yeux du Seigneur que la loi de péché qui anime les démons. Paul nous enseigne que « la chair a des désirs contraires à ceux de l’esprit » (Galates 5 :17), et « qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu » (Romains 8 :7). Lorsque Pierre, animé par la chair, veut empêcher Jésus d’aller à la Croix, Jésus lui répond : « Arrière de moi, Satan tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes » (Matthieu 16 :23). Il s’agit d’une affirmation très forte. En d’autres termes, les pensées de Satan sont les mêmes que celles des hommes non régénérés, qui sont contrôlés par la loi de péché qui est dans la chair. On peut en déduire que les pensées de l’homme non régénéré sont les mêmes que celles de Satan.
Pierre était contrôlé par Satan dans ses pensées. Jésus ne dit pas qu’il était « possédé » par Satan, ni qu’il avait « un démon en lui », mais qu’il était contrôlé par des pensées qui venaient de Satan. Quelle était la différence pratique pour la vie de Pierre ? Apparemment aucune ! Si Satan parvient à nous contrôler dans nos pensées et nos croyances, il nous contrôle tout entier, et peut se servir de nous comme il le veut.
Il est clair que la présence d’un démon dans une partie du corps ou de l’âme représente un problème plus aigu et plus grave que si ce démon contrôle cette partie de l’âme ou du corps de l’extérieur. Mais nous croyons que le véritable problème est celui d’être débarrassé de tout contrôle exercé par un démon.
Comme les pensées et les désirs sont du domaine de l’âme, et que celle-ci n’est pas régénérée à la nouvelle naissance de notre esprit, nous comprenons clairement comment Satan et ses démons peuvent continuer à contrôler un Chrétien né de nouveau. Il suffit que ce dernier continue à marcher par la chair, au lieu de marcher par l’esprit. La chair n’est pas un démon. Mais elle est animée, depuis la chute, par une vie mauvaise qui est semblable à celle qui anime Satan et les démons.
On ne peut pas chasser la loi de péché qui est dans notre corps comme on chasserait un démon. Mais on peut désactiver complètement cette loi, en marchant par l’esprit, et en appliquant la Croix sur la chair, pour qu’elle ne nous contrôle plus. Lorsque la loi de péché ne contrôle plus un Chrétien, tout se passe comme si cette loi n’existait plus pour lui, bien qu’elle demeure présente dans son corps jusqu’à la résurrection, et qu’elle soit toujours prête à s’activer quand le Chrétien retombe dans la marche par la chair.
La chair non crucifiée représente donc toujours la porte d’entrée des démons dans la vie d’un chrétien. Même si les démons ne se trouvent pas littéralement dans le corps du Chrétien, ou dans son âme, ce Chrétien peut continuer à être contrôlé par ces démons, par le moyen de la loi de péché. Car cette loi de péché dans l’homme est la même que celle qui anime les démons. Le résultat pratique est donc le même. Comprenez-vous bien ce que nous voulons dire ? Le péché, c’est la nature même de Satan. L’Antichrist, qui sera l’incarnation même de Satan, est appelé par la Bible « l’homme du péché ». Le Chrétien doit comprendre le message de la Croix pour être définitivement délivré de cette loi de péché.
Le problème de savoir si les démons se trouvent dans le Chrétien, ou hors de lui, n’a réellement pas grande importance pratique, si ce Chrétien continue à être contrôlé et manipulé par les démons, s’il est contrôlé par la loi de péché ! Croyez-vous que la pratique du péché par un Chrétien qui marche par la chair soit plus supportable pour le Saint-Esprit, qui habite dans son esprit, que la présence d’un démon, d’infirmité par exemple, dans le corps de ce Chrétien ? La chair non crucifiée serait-elle moins impure et plus supportable qu’un démon aux yeux du Seigneur, alors que la chair est le siège du péché, et que c’est à cause de ce péché que le Seigneur est mort ? Jésus-Christ n’est pas mort pour sauver les démons, mais pour sauver des hommes pécheurs qui étaient liés par une loi de péché. C’est le péché de l’homme qui a causé la mort du Seigneur. Et nous dirions que la présence du péché dans la vie d’un Chrétien né de nouveau, même s’il est réellement un disciple, serait moins impure aux yeux du Seigneur que la présence d’un démon dans son corps ? Si nous croyons cela, c’est que nous n’avons pas encore reçu une réelle révélation de l’horreur du péché pour le Seigneur ! Heureusement que nous pouvons compter sur l’amour, la grâce et la patience du Seigneur !
Ce que nous voulons bien faire comprendre, c’est que les démons ne perdent pas automatiquement le contrôle qu’ils exerçaient sur l’âme et le corps d’un être humain, au moment même où celui-ci se convertit à Jésus-Christ. Cela peut être le cas, mais cela n’est pas automatiquement le cas. En revanche, un Chrétien qui apprend à marcher par l’esprit, et à avoir une réelle victoire sur le péché, n’offre plus de prise à l’action des démons, qui ne peuvent que s’enfuir. N’oublions pas que ce qui intéresse les démons, ce n’est pas simplement d’être présents dans la vie d’un être humain, mais c’est de la contrôler le plus complètement possible, pour pouvoir assouvir leurs pensées et leurs désirs infâmes. Les démons haïssent le fait de voir un Chrétien né de nouveau apprendre à marcher par l’esprit et non plus par la chair, car ils savent alors que c’est la fin de leur contrôle sur les pensées, les sentiments, la volonté, et même le corps de ce Chrétien ! Marchons donc par l’esprit, et nous n’accomplirons plus les œuvres de la chair. En particulier, nous ne permettrons plus à des démons de se servir de notre chair pour nous contrôler ou nous influencer.
2. Notre position légale en Christ, et notre position pratique dans la sanctification.
Nous ne devons pas confondre notre position légale en Christ, et notre position pratique dans la sanctification. Notre position légale est fondée sur l’œuvre déjà parfaitement achevée de Christ. Notre position légale est celle que nous occupons en esprit en Jésus-Christ, dès que nous sommes nés de nouveau en esprit. Dans notre esprit régénéré, nous sommes « assis dans les lieux célestes en Jésus-Christ ». Nous sommes entièrement libérés de toute la puissance de Satan, de ses démons, de la chair, du péché, du monde et même de la mort. Christ a accompli pour nous à la Croix une victoire totale, éternelle et définitive. Il a « dépouillé les autorités et les dominations, et les a livrées en spectacle en triomphant d’elles à la Croix » (Colossiens 2 :15). Il nous a arrachés du royaume des ténèbres, pour nous faire entrer dans Son Royaume céleste. Tout cela nous est acquis, tout cela est à nous et constitue notre héritage céleste en Jésus-Christ.
Mais tout cela n’est pas complètement réalisé dans notre vie pratique, dans notre âme et notre corps, dès le moment de notre conversion et de notre nouvelle naissance ! Seul notre esprit reçoit cet héritage à notre conversion. Notre âme et notre corps passent ensuite par un processus graduel de purification et de sanctification, jusqu’au moment béni du retour du Seigneur et de la résurrection de notre corps. Alors, tout ce qui est mortel sera englouti dans l’immortalité. La loi de péché qui habite encore dans nos membres disparaîtra, et nous recevrons un corps glorifié, dans lequel le péché n’habitera plus. Jusqu’à la résurrection, c’est la marche par l’esprit qui nous permettra d’être débarrassés du contrôle de la chair et de la loi de péché. Mais à la résurrection, nous serons définitivement débarrassés de la présence de cette loi de péché dans nos membres.
Si certains démons contrôlaient, ou même étaient présents dans nos pensées, nos sentiments, notre volonté ou notre corps, avant notre conversion et notre nouvelle naissance, ils ne partent donc pas nécessairement et automatiquement à notre conversion, ni ne cessent automatiquement de nous contrôler. Mais ils ont perdu tout droit légal de le faire. Ils ne cesseront complètement de nous contrôler, ou même d’être présents dans un domaine de notre âme ou de notre corps, que lorsque nous aurons appris à marcher par l’esprit.
Pour prendre un exemple pratique, supposons qu’un païen soit « possédé » par, ou « possède », un esprit de surdité semblable à ceux que Jésus chassait, quand il guérissait les sourds. Si vous affirmez que tous les démons doivent quitter l’âme et le corps d’un Chrétien né de nouveau, lorsqu’il devient disciple de Jésus, cela voudrait dire que ce Chrétien devrait automatiquement être délivré de ce démon de surdité dès sa conversion, et qu’il devrait donc être aussitôt guéri de sa surdité. Si vous affirmez cela, vous allez au-devant d’ennuis sérieux, et vous ne serez pas bibliquement crédible. Car nous savons bien qu’il n’en est rien dans la pratique, et que les maladies d’origine démoniaque ne sont pas automatiquement guéries à la conversion, même quand il s’agit d’une conversion sérieuse et profonde.
Même dans le cas de maladies qui ne sont pas causées directement par la présence d’un mauvais esprit dans le corps, nous constatons que ces maladies et ces infirmités ne partent pas automatiquement à notre conversion. Pourtant, il est bien écrit dans Esaïe 53 et Matthieu 8 :17 que Jésus s’est chargé de nos infirmités et de nos maladies, et que nous sommes guérislégal en Christ, mais que cet héritage ne se manifeste pas automatiquement par une guérison instantanée lors de notre conversion. Il nous faut progresser dans la connaissance de la Parole de Dieu et de l’œuvre complète de Christ à la Croix. Il faut ensuite que notre foi grandisse, pour nous emparer par la foi d’un héritage qui nous est pourtant déjà acquis par Jésus-Christ. par Ses meurtrissures. (Presque) tous les Chrétiens sont d’accord pour dire qu’il s’agit là de notre héritage
Il serait ridicule d’enseigner que les maladies et les infirmités vont partir instantanément de la vie de ceux qui se convertissent à Jésus, dès le moment où ils se convertissent, sous prétexte que le Seigneur s’en est déjà chargé à la Croix ! Pourquoi ne comprenez-vous pas qu’il est tout aussi ridicule d’affirmer que toutes les influences des démons, quelles qu’elles soient, oppressions, possessions, démonisations, influences extérieures ou intérieures, sont automatiquement brisées dans la vie de ceux qui se convertissent à Christ ? Ces influences ne sont brisées que légalement en Christ, mais nous devons nous emparer de notre héritage par la foi, et, si c’est nécessaire, obliger Satan à quitter des domaines qu’il voudrait continuer à occuper illégalement ! Satan est toujours un usurpateur. Il profitera toujours de l’ignorance et de l’incrédulité des Chrétiens pour continuer à occuper un terrain qu’il ne devrait plus occuper.
3. La place de la délivrance dans la vie d’un Chrétien.
Si nous admettons que des démons puissent continuer à contrôler certaines parties de l’âme et du corps d’un Chrétien après sa conversion (que ce contrôle soit effectué à distance ou de l’intérieur), nous devons à présent examiner quelle place doit occuper la délivrance dans la vie de ce Chrétien.
Par « délivrance », nous entendons une prière d’autorité faite pour commander à un démon de partir. D’autres peuvent appeler cela « chasser un démon », ou « exorciser ».
Compte tenu du fait que la Bible n’enseigne pas clairement la délivrance des Chrétiens nés de nouveau, et qui sont réellement disciples du Seigneur, il ne faut donc accorder aucune place normale à la délivrance des Chrétiens, comme moyen de progression spirituelle. En d’autres termes, même si un Chrétien peut encore être contrôlé par des démons dans ses pensées, ses sentiments, sa volonté ou son corps, et même si un démon pouvait se trouver encore présent dans son corps, notamment dans les cas d’esprits d’infirmités, la Bible ne nous demande pas de recourir à la délivrance pour chasser ces démons, comme procédure normale.
Pourquoi une telle position ? Parce que la Parole de Dieu demande clairement aux Chrétiens d’obtenir une pleine victoire sur le péché, et d’apprendre à marcher par l’esprit, afin d’ôter à tout démon la possibilité de le contrôler ou de le dominer. Il s’agit pour un Chrétien d’apprendre à crucifier sa chair, car une chair encore vivante représente le moyen d’accès idéal des démons dans la vie d’un Chrétien.
A quoi servirait-il en effet de chasser des démons, si le Chrétien continuait à marcher par la chair ? Les démons, attirés par l’odeur nauséabonde de la chair, ne tarderaient pas à revenir, et la situation de ce Chrétien serait pire qu’auparavant. C’est pour cette raison que beaucoup de Chrétiens, qui sont passés par de pénibles séances de « délivrance », se rendent bien compte que cela ne leur a donné aucune victoire définitive sur le péché. Ils vont sans cesse chercher à être délivrés de nouveaux démons, souvent hypothétiques, alors que le Seigneur leur demande d’avoir une pleine victoire sur le péché. Ils se décourageront de voir que la délivrance en laquelle ils avaient mis tant d’espoirs ne leur a nullement permis de crucifier leur chair.
Si le Chrétien apprend à crucifier sa chair de manière pratique, et à marcher par l’esprit, il ne laisse plus aucune prise aux démons, où qu’ils soient. Ces derniers sont obligés d’aller chercher d’autres victimes ailleurs ! Bien souvent, le Seigneur s’occupera Lui-même de ces démons, qui pourront partir sans même que nous nous en apercevions, à mesure que nous avançons dans la sanctification. Un Chrétien qui marche pleinement par l’esprit n’offre plus aucune prise, plus aucun intérêt pour les démons, qui ne peuvent plus assouvir leurs passions. En revanche, ils seront furieux contre lui, et l’attaqueront violemment pour tenter de le détruire, ou de le séduire. Mais ils n’auront plus rien en lui, et n’auront plus aucune prise sur lui, comme Jésus, qui affirmait que Satan « n’avait rien » en Lui. Nous serons toujours attaqués par Satan et ses démons, surtout si nous marchons par l’esprit. Mais nous ne devons lui laisser aucune prise en nous. Seule la marche par l’esprit nous permet cela. C’est pourquoi la marche par l’esprit est la voie normale de la progression spirituelle du Chrétien, et non la délivrance.
Le seul moment où nous pourrions être conduits à chasser un démon d’un Chrétien serait le moment où un démon se manifesterait violemment sous nos yeux, en se servant du corps de ce Chrétien. Alors le Saint-Esprit pourrait (éventuellement) nous conduire à chasser ce démon, pour soulager la victime, comme le Seigneur le faisait pour les Juifs dans les synagogues. Le Seigneur ne chassait les démons que lorsqu’ils se manifestaient.
Mais nous devons d’une part avoir le discernement qu’il s’agit réellement d’une manifestation démoniaque, et d’autre part écouter la voix de l’Esprit pour savoir ce que nous devons faire en pareil cas. Il est certain que si vous croyez qu’un Chrétien réellement né de nouveau ne peut plus être ni influencé par un démon, ni « démonisé » de quelque manière que ce soit, vous n’aurez pas le discernement nécessaire. Et vous ne pourrez pas aider ceux qui sont réellement attaqués par des puissances démoniaques.
Il nous est arrivé de connaître certains Chrétiens comme réellement nés de nouveau, réellement disciples du Seigneur, et portant du fruit pour lui. Et pourtant, à un certain moment, ces Chrétiens ont manifesté des réactions qui étaient manifestement démoniaques. Si vous croyez qu’un Chrétien ne peut plus jamais être démonisé d’aucune manière, et si vous le voyez saisi d’un accès démoniaque, vous n’aurez alors qu’une alternative. Ou bien vous conclurez que ce « Chrétien » n’a jamais été converti, ce qui serait cruel si cela n’était pas le cas, ou bien vous conclurez, contre toute évidence, que cette réaction n’était pas démoniaque, mais plutôt du ressort de la psychiatrie. Dans les deux cas, vous vous seriez trompés, parce que votre théologie vous aura interdit de croire qu’un Chrétien puisse encore être « influencé » (au sens le plus large) par des démons. Combien nous avons besoin du vrai don de discernement des esprits !
Nous ne devrions jamais parler de « possession » dans le cas d’un Chrétien né de nouveau, car ce n’est pas un mot biblique. Nous ne pouvons être que la possession de Jésus quand nous sommes nés de nouveau. Mais nous devons admettre que certaines parties de notre âme ou de notre corps puissent encore être momentanément sous le contrôle d’un démon, tant que nous n’avons pas appris à marcher par l’esprit, alors que ce n’est jamais le cas pour notre esprit, puisqu’il est passé par une régénération, et qu’il est devenu la demeure du Saint-Esprit. Ce contrôle démoniaque éventuel peut se rencontrer plus fréquemment dans la vie de ceux qui ont une hérédité spirituelle très lourde, ou qui ont pratiqué le satanisme ou l’occultisme, quoiqu’il n’y ait aucune règle générale dans ce domaine. De toutes manières, seule la Croix, et non la « délivrance », peut nous donner une pleine victoire sur les démons.
Paul a écrit :
« Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair. Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance de Christ » (2 Cor. 10 : 3-5).
Ce passage nous montre bien que les « forteresses de Satan » sont représentées par les pensées mensongères que nous considérons comme vraies, et par lesquelles Satan peur nous contrôler. La vraie délivrance ne consiste donc pas à chasser un démon, mais à recevoir la Vérité, et à remplacer ces pensées mensongères par les pensées de Dieu. Jésus a bien dit : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jean 8 : 32). Voilà la voie normale de la délivrance d’un Chrétien !
En conclusion.
Nous pourrions résumer ainsi notre article :
Les démons existent, et cherchent à contrôler les êtres humains pour assouvir leurs désirs mauvais. Ce contrôle peut se faire de l’extérieur, mais les démons préfèrent pénétrer à l’intérieur d’un être humain, s’ils le peuvent. Ce contrôle passe par l’exercice de la loi de péché qui habite dans nos membres, et dont nous avons hérité à notre naissance humaine. C’est cette loi de péché qui anime la vie charnelle. Celui qui n’est pas converti à Jésus-Christ est entièrement contrôlé par Satan, dans son esprit, son âme et son corps. Un Chrétien né de nouveau échappe totalement au contrôle légal de Satan. Mais il n’échappe de manière concrète et immédiate au contrôle de Satan que dans son esprit régénéré. Car son esprit est recréé à neuf en Jésus-Christ, dans une justice et une sainteté que produit la vérité. Un Chrétien né de nouveau échappera progressivement au contrôle de Satan dans son âme et dans son corps, à mesure qu’il grandit dans la sanctification, et qu’il remplace sa volonté charnelle, ses pensées charnelles, et ses sentiments charnels, par une volonté, des pensées, et des sentiments spirituels, grâce à l’action du Saint-Esprit et de la Parole de Dieu. Seule l’œuvre complète de la Croix, et la marche par l’esprit qui en résulte, nous garantissent une pleine libération concrète de tout contrôle ou influence de Satan et de ses démons. Cette marche par l’esprit s’apprend et s’affermit à mesure que nous pénétrons par la foi dans l’œuvre de la Croix, et que nous comprenons tous les aspects de cette œuvre : Jésus est mort pour nous, et nous sommes morts en Lui à la vie de la chair et du péché. La délivrance doit être rejetée comme moyen normal de progression spirituelle du Chrétien. Elle ne pourrait être pratiquée que dans des cas exceptionnels de manifestations démoniaques violentes, et lorsque le Saint-Esprit nous conduit à le faire pour soulager la victime de cette manifestation. Nous ne prétendons pas avoir répondu dans ce court article à toutes les questions que vous pouviez vous poser sur ce thème. Notre désir était de présenter la doctrine qui nous semble la plus proche de l’enseignement de la Bible dans ce domaine, tout en tenant compte de l’expérience pratique de notre vie chrétienne. Nous insistons en conclusion sur l’impérieuse nécessité de la prédication de la Croix, qui est la prédication de la Vérité, dans tous ses aspects, comme unique moyen divin de libération radicale du péché, du monde, de la chair et de Satan.